lundi 17 septembre 2007

Continuité La Femme des Sables ____________________________________

"De partout le sable arrive, partout le sable pénètre. Quand le vent vient du mauvais côté, il me faut, matin et soir, grimper entre toit et plafond et, de là, retirer le sable qui s’accumule. Sans ça, très vite, la mesure serait atteinte où les lattes du plafond céderaient sous le poids du sable."

La notion de continuité par rapport à un ouvrage fait aussi penser au célèbre roman d’Abé Kôbô La femme des sables. L’auteur japonais met en scène un homme et une femme dans un espace sans cesse menacé d’engloutissement. L’homme est prisonnier de la femme et se voit contraint comme esclave à lutter contre le sable.

Depuis toujours, la condition de survie des habitants du village est d’enlever le sable qui se dépose inlassablement sur leurs habitations. Ce travail est une occupation permanente et nécessaire qui nous projette dans un lieu en perpétuelle destruction et reconstruction. Le contraste entre la permanence du sable et la brièveté de nos existences laborieuses se traduit par une impression d’emprisonnement très forte. Nous sommes enfermés dans une maison minuscule au milieu d’un territoire immense et désertique.

"L’homme était comme cire dans la flamme : la sueur lui suintait, il fondait. Par tous les pores de la peau, la sueur lui perlait. Sa montre s’était arrêtée, il ne savait pas quelle heure il était."

L’homme refuse violemment sa condition d’esclave du sable, l’absurdité d’une telle contrainte lui parait insurmontable. Au fil des pages et de son combat pour la liberté, il se rend compte qu’il ne veut plus partir. Sa liberté est ici. Il se sent librement condamné à participer à cet ouvrage sans fin.

Est-ce la perpétuelle évolution/construction d’une œuvre qui fait qu’elle traverse les ages ?

La clé de la continuité est-elle dans l’interdépendance du lieu avec ses usagers ? Ici l’habitant pourrait apparaître à la fois comme le pilier et comme le maçon de l’œuvre.

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