samedi 15 septembre 2007

les défricheurs d'éternité

En lisant Les défricheurs d’éternité de Claude Michelet, on se trouve plongé dans une autre dimension. Face au vertige du temps, on voit comment l’homme agit au service d’une cause qui le dépasse et comment son ouvrage peut transcender le temps.


Au Moyen Age, une petite communauté de moines accomplit des travaux gigantesques pour s’installer dans un site très pauvre. Considérant qu’ils ont l’éternité devant eux, les moines se voient comme des outils au service d’une cause qui les dépasse. Leurs immenses projets s’étalent sur plusieurs générations. Ils défrichent, assainissent des marais, rendent cultivables des régions entières, construisent fermes, moulins, tuilerie et même des bâtiments provisoires qui abritent la première génération pendant la construction de l’abbaye. Les premiers moines de la communauté affrontent la misère, la maladie et la famine mais par leur travail quotidien et leur acharnement, en quelques décennies l’abbaye devient un lieu de pouvoir convoité. Ils sont tellement riches que les barbares les pillent et rasent tout ! Alors, repartant de rien, les moines recommencent et continuent leur tache, ils construisent, cultivent à nouveau et indéfiniment.


La transmission du savoir et des responsabilités s’opère au fil des générations entre les moines. Chaque personne agit au présent, jour après jour, effectuant un travail précis et laborieux qui parait dérisoire par rapport à l’immensité de la tache à accomplir. L’avancement est lent comparé à la durée d’une vie humaine.


Leur projet n’a pas de fin. S’inscrivant dans une échelle de temps illimité (l’existence de l’humanité), il ne peut pas être achevé. La construction est un processus continu, sans cesse renouvelé, jamais figé. Pourtant le bâtiment traverse les siècles, la pierre demeure longtemps. Il ne s’agit pas d’architecture « éphémère ».

Le mouvement est inéluctable, la transformation fait partie de la vie de l’œuvre en chantier permanant. Ici les concepteurs sont à la fois constructeurs et usagers. On peut imaginer que l’œuvre meurt le jour où elle se vide, alors le chantier s’arrête, inversement, si la construction s’arrête, l’œuvre est inutile et disparaît. Les habitants-usagers sont indissociables de la vie, du mouvement perpétuel, du chantier de l’ouvrage.

1 commentaire:

Helene a dit…

« Le cours même du temps nous
apprend à mépriser le temps
et à désirer l’éternité. » saint augustin