dimanche 30 septembre 2007

interrogations

Le rapport du concepteur à l’oeuvre et au temps fait intervenir, ici, la notion de « contrôle ».

L’architecte doit-il contrôler le devenir de ses oeuvres ? (le peut-il ?) Il peut envisager leur flexibilité, produire une œuvre malléable mais il ne peut prétendre maîtriser l’avenir de son bâtiment dans la durée.
Les générations futures vont-elles le déclarer « inutile », « obsolète » et le détruire pour édifier autre chose ? Ou bien, sera-t-il longtemps « utile » et colonisé, habité, investi ?
Des projets comme la tour Eiffel et le Grand Palais conçu pour être éphémères ont pourtant traversé le temps (aujourd’hui, la tour Eiffel est le seul monument historique rentable pour l’Etat français).
Le devenir des oeuvres semble nous échapper. Nous pouvons certes, envisager leur évolution relative, ou leur destruction mais il est difficile de donner une date. Cet avenir là ne nous appartient pas, il résulte plutôt de la liberté des usagers à disposer d’une œuvre et de leurs interprétations.
Il y a toujours eut en architecture une quête de la pérennité : on veut faire un bâtiment qui dure. Tout d’abord pour laisser une « trace », un témoignage ; mais surtout par soucis d’économie car construire coûte cher, et aussi pour éviter un gaspillage déjà trop permanant dans notre société de consommation. Cependant, au moment où nous construisons, nous élaborons une réponse qui correspond à un contexte donné, à des individus vivants et à une société précise à l’ « instant t ». Or, le contexte se transforme, les gens changent, la société évolue : à l’instant t +1, tout est différent, les données du problème ne sont alors plus du tout les mêmes, la réponse proposée est déjà périmée, inadaptée, anachronique.
Ces changements sont visibles dans temps de manière exponentielle, Paul Virilio nous parle d’accélération, de mouvement accéléré. Autrefois on construisait une cathédrale ou une abbaye en plusieurs siècles, aujourd’hui les évolutions de la société sont perceptibles à l’échelle de la vie d’un individu (« la forme d'une ville Change plus vite, hélas! que le cœur d'un mortel » disait Baudelaire.).

Comment appréhender le monde en devenir ?
Comment, face à un avenir incertain, construire dans la durée sans enfermer l’usager futur ? Comment proposer un espace qui soit humaniste, adéquat, propice à la vie sans être forcément éphémère? Comment éviter le gaspillage d’une architecture trop temporaire ?

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