jeudi 31 janvier 2008

Le mois de la science fiction à l'ENS


Trois petites conférences sur le temps dans la science fiction, organisées dans le cadre du mois de la science fiction en mai 2006 à Normale Sup.
C'est plutôt intéressant voire carément intéressant parfois, et je ne suis pas sûr qu'il faille connaître tant que ça de références de toutes façons:

http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1231 --> Aberrations temporelles dans la littérature de science-fiction (ne pas trop rigoler à l'accent quebequois)

http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1285 --> Temps désaccordés et mondes clignotants

http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1282 --> Sur quelques paradoxes temporels (le tout est de se demander si l'éventualité d'une machine à voyager dans le temps à n'importe quelle époque, ne nous aurait pas déjà permis de rencontrer un homme du futur ???...)

samedi 26 janvier 2008

ce qui nous dérange ::::::::::::

Les bâtiments icônes rigides construits pour affirmer le pouvoir du commanditaire ou de l’architecte, dans un but lucratif.
Ces bâtiments sont là pour être vus, pour s’imposer durablement sans intégrer les modifications que le temps apportera implacablement. Ils souvent « figés » par manque de confiance aux usagers futurs. Personne n’a « le droit » d’y toucher ni de se les approprier.

Les bâtiments qui refusent de vieillir. Ces dernières décennies on a vu apparaître des bâtiments qui se dégradent trop vite. Ils sont conçus pour être « neufs » et ne supportent pas la moindre dégradation.

On veut construire des bâtiments « durables » qui traversent le temps sans aucune transformation. Leur volonté de rester intacts les empêche de prendre le vieillissement comme une force, une patine qui se déposerait au fil du temps leur donnant plus de personnalité.
(botox /rides)

Notre cadre de vie urbain nous enferme souvent dans un seul rythme. On ne peut percevoir les autres temps qui nous entourent.
(metro boulot dodo)

vendredi 25 janvier 2008

La Tour des Vents, Yokohama, 1986 (Tower of Winds)


"Je ne prétends pas que l'architecture puisse être remplacée par des images vidéo ou que des bâtiments éphémères puissent être utilisés. Nous devrions plutôt construire une architecture virtuelle, fictive et éphémère comme une entité permanente"
essai "Architecture in a Simulated City", Toyo Ito

La Tour des vents est une tour de ventilation et réservoir d'eau. Toyo Ito en a conçu l'habillage extérieur
. La tour est recouverte de panneaux réfléchissants en aluminium. Ceux ci renvoient la lumière le jour: le bâtiment est un cylindre solide et opaque. La nuit tombé, la tour s'anime, se dématérialise: les douze anneaux en néon s'allument successivement, heure après heure, en exprimant la course du temps. Les milliers de lampes tapissant la façade réagissent aux variations de l'environnement extérieur ( bruit,vent etc).
L'éphémère ici n'est pas disparition rapide. C'est dans toute la permannce du bâtiment qu'émergent de nouveaux visages. La tour dans toute son existance est perpétuellement changeante, éphémère car elle ne présente jamais le même aspect.

Elle empreinte ses rythmes à son environnement. Elle adopte ceux du vent, des mouvements de la ville, et de la Terre lorsque elle note le passage du temps.


Empreinte du temps

"Il y a quelques mois, par exemple, je ressentis l’urgence d’enregistrer les signes du comportement atmosphérique en recevant sur une toile les traces instantanées des averses du printemps, des vents du sud et des éclairs. (Est-il besoin de préciser que cette dernière tentative se solda par une catastrophe ? ) Par exemple, un voyage de Paris à Nice aurait été une perte de temps si je ne l’avais pas mis à profit pour faire un enregistrement du vent. Je plaçai une toile, fraîchement enduite de peinture, sur le toit de ma blanche Citroën. Et tandis que j’avalais la nationale à cent kilomètres à l’heure, la chaleur, le froid, la lumière, le vent et la pluie firent en sorte que ma toile se trouva prématurément vieillie. Trente ou quarante ans au moins se trouvaient réduits à une seule journée. La seule chose ennuyeuse dans ce projet était que de tout le voyage je ne pouvais me séparer de ma peinture."
Yves Klein
http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-yves_klein/ENS-Yves_Klein.htm

Yves Klein matérialiser la l'empreinte du temps qui passe. Comme un ville accumule les marques du passé, les traces.
Ici l'évolution est trompée car accélérée. En un trajet, la toile est vielle.
Le matériau imprime sa propre histoire sur sa surface.

Yves Klein


Anthropométrie de l’époque bleue (ANT 82), 1960
Pigment pur et résine synthétique sur papier monté sur toile
155 x 281 cm

""Anthropométrie" est le terme inventé par Pierre Restany (anthropo, du grec anthropos : homme, et métrie : mesure) pour nommer ce que Klein désignait comme "la technique des pinceaux vivant". Et c’est bien une mesure du vivant que l’artiste veut communiquer et met au point en 1960.

Les Anthropométries sont le résultat de performances réalisées en public avec des modèles dont les corps enduits de peinture viennent s’appliquer sur le support pictural. Avec cette technique, Klein propose un retour à la figure, mais dans un espace pictural où l’illusion de la troisième dimension disparaît au profit d’une peinture qu’il appelle "première", où se confondent sujet, objet et médium, et qui est la trace littérale d’une présence du modèle sur le tableau.

Cette technique par contact est à rapprocher de celles des Cosmogonies, des Moulages (effectués sur la végétation ou les corps) et des photographies réalisés par Klein entre 1960 et 1962 : "Le tableau n’est que le témoin, la plaque sensible qui a vu ce qui s’est passé. La couleur à l’état chimique, que tous les peintres emploient, est le meilleur médium capable d’être impressionné par l’événement".

Si les Anthropométries révèlent le beau à partir d’une captation du monde (celle de la présence du modèle), leurs mises en scène participent elles aussi de la conception que Klein se faisait de l’art : faire advenir dans le moment vécu, par la surprise et la provocation, une sensibilité nouvelle. Anthropométrie de l’époque bleue a été réalisée sous forme d’une performance en 1960 à la Galerie internationale d’Art contemporain.

Les Anthropométries ont souvent été comparées à l’Action Painting de l’artiste américain Jackson Pollock. Les intentions en sont pourtant radicalement différentes : ici ce sont des corps humains qui s’expriment sous la direction, distante, de l’artiste ; là c’est la subjectivité profonde du créateur qui cherche à se révéler dans la peinture."


http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-yves_klein/ENS-Yves_Klein.htm

interview de o'clock sur http://oclock-156.skyrock.com/3.html


Oclock exprime par le choix de son nom la peur de disparaitre, poser la marque d'un instant, exprimer le temps qui passe. Mais il s'agit surtout de laisser une trace, justement pour être sur de ne pas disparaitre. L'essentiel pour lui est de savoir que son tag va rester, qu'il ne va pas être effacé trop vite.


"Pourquoi O'clock ?

"J'ai choisi se non plutôt par rapport aux thème qu'aux lettre ,je voulez qu'ils me colle a la peau que je puisse presque me le faire tatouer cela évoque la peur de disparaître, l'envie de laisser une marque dans le temps. L'apostrophe m'a plu, je n'en avez jamais vue dans un tag, je trouver sa originale. En plus, sa parle a tout le monde, s'est un des premier mot qu'on apprend en anglais donc sa marche dans tout les pays."

Qu'est –ce ça t'apporte ?

"Le plaisir de laisser une trace. Je préfère un tag mal placer mais qui va rester des année, plutôt qu'un tag énorme bien exposer qui av rester deux semaine. Simon sa n'importe rien concrètement, juste du plaisir. Dans le cousin avec Alain chabat, le cadreur a bloquer sur un murs que j'avez déchirer et dans a B.D akira les mec on scanner mon tag s'est marrent."

jeudi 24 janvier 2008

lebbeus Woods



http://blog.lib.umn.edu/tgowan/tgowan/15_caldeira_on_fortified_urbanism/

This is Woods's installation for a site at ground zero. He laments "the deeper wound, the trauma itself -- embodied in the fall and its memory -- is examined only in medical and academic quarters, far from public forums and discussions."

Woods wants architects to build catastrophe into buildings, where the order of a building can shift into something entirely different given an external event that forces the original order to disintegrate.

http://blog.lib.umn.edu/tgowan/tgowan/15_caldeira_on_fortified_urbanism/

"Somewhere in the city, the life of the favela was eating away the roots of the serene white towers, a transformation that their electronic surveillance systems would never detect." (Lebbeus Woods)

je pense aussi aux TAZ, à la perméabilité d'une ville qui permet la souvenance d'événements inattendus et cachés.
> échapper à la règle et au contrôle pour survivre?

Il me semble que ces évènements s'inscrivent dans une temporalité parallèle de la ville visible et contrôlée, c'est sans doute ce qui les protège.
> parasiter un système pour créer un monde parallèle en prise avec la réalité...


lundi 21 janvier 2008

L'espace d'un instant...




Appropriation d'un mur l'espace d'un instant. le dessin en train de se faire est projeté sur la façade de nos voisins. L'évènement terminé il n'en reste aucune trace.
C'est une possibilité d'agir sur la ville, de naitre et de disparaitre comme la Taz, en échappant au contrôle, en passant par un immatériel visible.
Encore un fois c'est s'imiscer là où c'est possible, sans toucher à la ville. Il faut être subversif trouver la faille ou s'insérer, le lieu ouvert, avec toujours la possibilité de disparaitre immédiatement.
Experience effctuée par Martin Le Bourgeois et Léopold Lambert. Janvier 2008

mercredi 16 janvier 2008

le vertige ___________________________________________________

"Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n’y aurait pas de temps passé ; que si rien n’arrivait, il n’y aurait pas de temps à venir ; que si rien n’était, il n’y aurait pas de temps présent. Comment donc ces deux temps, le passé et l’avenir, sont-ils, puisque le passé n’est plus et que l’avenir n’est pas encore ? Quant au présent, s’il est toujours présent, s’il n’allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, mais de l’éternité. Donc, si le présent, pour être du temps, doit rejoindre le passé, comment pouvons-nous déclarer qu’il est aussi, lui qui ne peut être qu’en cessant d’être ? Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c’est qu’il tend à n’être plus ".
St Augustin (354-430), Les confessions
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mardi 15 janvier 2008

Michael Wesely et un instant de deux ans

En écrivant un texte pour mon bouquin de photos, je me suis rappelé de ce photographe qui m'avait pas mal marqué à l'époque, qui faisait des photos avec un temps de pose de 2 ans à la Potsdamer Platz et au MOMA (je me suis d'ailleurs acheté le bouquin qui arrivera un de ces quatre) figeant ainsi les fantômes des acteurs de ce long instant.
Si ce genre de travail et la Potsdamer Platz vous intéresse vous pouvez aller voir le travail d'un autre Michael, Ruetz lui, dont j'ai vu une exposition qui s'appelle Eye on Time et qui propose quant à lui, plusieurs photographies de Berlin avec deux ans d'intervalle. La similarité de la démarche est plutôt marrante mais le résultat n'est pas du tout du même ordre...





Bon j'imagine que ce blog est propice à toutes les explorations de toutes façons dont je vous propose (et vous soumet par la même occasion d'ailleurs), cette partie de mon texte donc, qui n'est pas encore achevée:

L’instant, paradoxalement, n’a pas de durée fixe. L’instant représenté peut aussi bien être, cet homme de Cartier Bresson, dont la silhouette et le reflet se rejoignent par l’intermédiaire d’une flaque d’eau pour une fraction de seconde, que l’Empire State Building d’Andy Warhol filmé fixement pendant vingt quatre heures. Comment pourrait on seulement prétendre à déterminer une valeur de temps qui définirait un instant ?
L’instant est propre à la fiction. Il correspond exactement à la valeur temporelle de ce que Gilles Deleuze appelle, les blocs de mouvement-durée, à propos de la création cinématographique. La photographie, elle aussi, crée ces blocs de mouvement-durée. A partir de là, il serait facile de prétendre que la durée photographique est nulle. Ce serait pourtant se tromper lourdement. La particularité de la photographie est de compacter son bloc de mouvement-durée en une image unique, lorsque le cinéma en compte vingt quatre par seconde. Mais, une image ne signifie pas que la temporalité est nulle. Je peux d’ailleurs ici, lâchement évoquer un exemple extrême qu’est celui des photographies de la Potsdamer Platz de Michael Wesely, dont l’appareil photo a comprimé en une image, deux années entières de théâtralité urbaine berlinoise. Le résultat de ce temps de pose de deux ans, est un mouvement fantasmagorique des divers acteurs de cette pièce territorialisée.

vieillir

« Je pars à la recherche de la mort, pas comme un fou, mais comme quelqu’un qui espère vivre.»
Goethe, Les affinités électives

accepter l'érosion, la disparition. s' ouvrir au effets du temps.
le poète Joseph Brodsky écrit à propos de Venise:

"La dentelle verticale des façades venitiennes est le plus beau dessin que le temps, c'est à dire l'eau, ait laissé sur la terre ferme, dans n'importe quel endroit du monde."

“ (...) L’eau est égale au temps et procure à la beauté son double. En partie eau, nous servons la beauté de la même manière. En se frottant à l’eau, cette ville améliore l’allure du temps, embellit l’avenir. Tel est son rôle dans l’univers. Parce que cette ville est immobile alors que nous sommes en mouvement. La larme en est la preuve. Parce que nous allons et que la beauté reste. Parce que nous sommes tournés vers l’avenir alors que la beauté est un éternel présent."
Jospeh Brodsky, Acqua Alta,
(pp. 109-110)


accepter l'érosion, la disparition. s' ouvrir au effets du temps.

le poète Joseph Brodsky écrit à propos de Venise:

"La dentelle verticale des façades vénitiennes est le plus beau dessin que le temps, c'est à dire l'eau, ait laissé sur la terre ferme, dans n'importe quel endroit du monde."

Jospeh Brodsky, Acqua Alta,
(pp. 109-110)

mercredi 9 janvier 2008

le voyage: essence du roman (temps+epace)



"Un roman c’est un miroir qu’on promène le long d’un chemin "

Stendhal, Le rouge et le noir

Le vertige

"Je veux réciter un cantique; je l’ai retenu. Avant de commencer, c’est une attente intérieure qui s’étend à l’ensemble. Ai-je commencé? Tout ce qui accroît successivement au pécule du passé entre au domaine de ma mémoire : alors, toute la vie de ma pensée n’est que mémoire : par rapport à ce que j’ai dit; qu’attente, par rapport à ce qui me reste à dire. Et pourtant mon attention reste présente, elle qui précipite ce qui n’est pas encore à n’être déjà plus. Et, à mesure que je continue ce récit, l’attente s’abrége, le souvenir s’étend jusqu’au moment où l’attente étant toute consommée, mon attention sera tout entière passée dans ma mémoire. Et il en est ainsi, non seulement du cantique lui-même, mais de chacune de ses parties, de chacune de ses syllabes : ainsi d’une hymne plus longue, dont ce cantique n’est peut-être qu’un verset; ainsi de la vie entière de l’homme, dont les actions de l’homme sont autant de parties; ainsi de cette mer des générations humaines, dont chaque vie est un flot."
St Augustin, Les confessions, CHAPITRE XXVIII. 38.

"Il s'était, dans sa tête, représenté et construit, d'avance, un processus géométrique simple: la réalité s'affirmait rebelle, et, sur quelque point qui lui échappait, en terrible désaccord avec les prévisions de son esprit."

La femme des sables, Abé Kôbô

« Si toutes choses sont en devenir, comment une connaissance est-elle possible ? »

Socrate à Héraclite

Penser le temps nous plonge dans l’abîme : nous vivons dans le temps et nous somme incapable de nous en extraire. Si nous regardons vers l’infini nous sommes pris par une sorte de vertige philosophique. Comment penser le devenir sans me noyer dans le non mesurable ? Jusqu’à quelle échelle ou quelle unité de temps peut-on envisager ce qui arrive ? La seule réalité tangible semble être le présent, l’instant face au passé qui m’échappe et au futur n’est pas encore. Le présent même est difficile à saisir, "Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé et à l'avenir. Nous ne pensons presque point au présent." nous dit Pascal.

Le concepteur qui s’apprête à laisser une œuvre derrière lui est confronté à la question de « l’après ». Son œuvre s’inscrit dans le temps, elle émane de « l’avant », se construit, se dilate vers l’avenir. Le concepteur est pris dans le tourbillon de ce qui dure, ce qui demeure, et de ce qui passe. Il est dans le projet, donc il pense le futur. Il dessine quelque chose qui va se faire. L’acte de conception architecturale propulse au-delà du présent et la matière qui constitue l’œuvre dure, emporte l’oeuvre bâtie dans un avenir plus ou moins long mais toujours incertain. L’incertitude inquiète. Face à cet inconnu, on observe certaines formes de résistance, notamment par les simulations, les statistiques, les probabilités, autant de tentatives de prévision qui rassurent. L’incertitude demeure. De telles stratégies semblent efficaces à court terme mais prennent en compte des paramètres d'un présent qui évolue. Envisager l’avenir nous dépasse. Nous sommes impuissants confrontés au temps long de la matière qui nous habite profondément par rapport au temps rapide notre existence sur terre.

Que pouvons-nous vraiment prévoir ? Le savoir de l’architecte peut lui donner quelques notions quant au devenir « physique » de l’ouvrage, nous avons une idée de ce qui est « solide » et qui à donc plus de chance de durer, en fonction les matériaux utilisée on peut prévoir un cycle de maintenance pour aider l’ouvrage à traverser une certaine durée (exemple : « il faut repeindre tout les cinq ans », durée au bout de laquelle la peinture s’écaille). Une connaissance physique de la matière peut permettre d’établir un emploi du temps pour l’entretien. Cependant, les facteurs de transformations ou de dégradation de la matière évoluent aussi, le climat peut changer, l’humidité, la pollution, sans parler des « accidents », catastrophes naturelles. Le contrôle sur le « cycle naturel » de transformation de la matière est donc limité. Le comportement des hommes face à l’ouvrage parait encore plus imprévisible. Qui peut prédire les transformations d’une société, évaluer ses besoins futurs ? L’observation du passé et du présent sont les seuls outils auxquels on s’accroche pour ne pas perdre pied dans ce qui nous dépasse, le devenir impalpable, inaccessible pour notre cerveau habitué à penser le mesurable. Le temps découpé, apprivoisé en heures, minutes, secondes

"le jardin aux sentiers qui bifurquent" de Borges

on peut rajouter un passage sur "le jardin aux sentiers qui bifurquent" de Borges. Il parle de l'obsession d'un homme par rapport au temps. L'homme veut effecteur un labirynthe, et un livre. Ce labyrinthe EST ce livre, car le roman parle du temps, parle du temps sans jamais le mentionner.

L'ouvrage raconte tous les possibles. Livre infini qui conte tous les avenirs possible. Et qui montre la folie d'un homme façe à cette réflexion et l'impasse philosophique dans laquelle il se trouve.

"un invisible labyrinthe de temps".
"je laisse aux nombreux avenirs ( non à tous) mon jardin aux sentiers qui bifurquent. Je compris presque sur le champ; le jardin aux sentiers qui bifurquent était le roman chaotique; la phrase nombreux avenirs(non à tous) me suggéra l'image de la bifurcation dans le temps, non dans l'espace."
Dans touts les fictions, chaque fois que diverses possibilités se présentent, l'homme n adopte une et élimine les autres; dans la fiction du presque inextricable Ts'ui Pên, il les adopte toutes simultanément. Il crée ainsi divers avenirs, divers temps qui prolifèrent aussi et bifurquent."
"Dans l'ouvrage de ts'ui Pên, tous les dénouements se produisent; chacun est le point de départ d'autres bifurcations. Parfois les sentiers de ce Labyrinthe convergent : par exemple si vous arrivez chez moi, mais, dans l'un des passés possibles, vous êtes mon ennemi; dans un autre, mon ami. Si vous vous résignez à ma prononciation incurable, nous lirons quelques pages"

"La jardin aux sentier qui bifurquent est une énorme devinette ou parabole dont le thème est le temps ; cette cause cachée lui interdit la mention de son nom. Omettre toujours un mot, avoir recours à des métaphores inadéquates et à des périphrases évidentes, est peut être la façon la plus démonstrative de l'indiquer."

Il note aussi les hasard du temps et ses absurdités. Des action aux lourdes conséquences qui auraient pu ne pas avoir lieu . Un meurtre commis sur un coup de tête...

RILKE Chronos et kairos

"Sa maîtrise intérieure fut même telle qu'il décida de rattraper (nachzuholen) le principal de ce qu'auparavant il n'avait pas su accomplir, de ce qu'il avait laissé passer dans l'attente. Il pensait surtout à l'enfance..."(M.603) 14

Que signifie « rattraper le passé » ? Retrouver le passé. Mais qu'est ce que le passé? Est-ce le passé embelli par la nostalgie, ou plutôt triste, alourdi et pénible ? Non. c'est un passé céleste, innocent et lumineux, un passé ontologique «qui n'a jamais existé ». C'est « plus que du passé » 15. Reprendre le passé, c'est attendre (anwarten) l'avenir. Par conséquent, l'Enfant prodigue dit ensuite :

.".. on les (les souvenirs) considérait comme du passé, mais cela même semblait presque les qualifier pour l'avenir. "(M.603) 16

Reprendre, c'est attendre dans l’avenir. Alors, qu’attendre? Le moment de réciter le chant comme origine. C'est le moment fugitif mais privilégié, kairos. Rilke chante dans l'Élégie de Duino IX 17 18 19

"Hier ist des Säglichen Zeit hier seine Heimat. / Sprich und bekenn" 20.

analyse issue du site:
http://pfemo.club.fr/philo/textes/quoenim/quoenimmain.htm

QUO ENIM ABIIT? (Conf. I, vii, 13) LA NOTION DU TEMPS CHEZ RILKE ET ST.AUGUSTIN



"Spiegel. noch nie hat man wissend beschrieben,
was ihr in eurem Wesen seid
Ihr wie mit Lauter Löchern von Sieben
erfüllten Zwischenräume der Zeit."

Miroir :jamais encore sciemment l'on n'a dit/ ce qu'en votre essence vous êtes./ Vous, intervalles du temps que suffisent/ à emplir des trous de cible.
Tr. J.-F. Angelloz

"Nous retrouvons dans la première strophe des Sonnets à Orphée II,3,(1922), le sujet du miroir 12. Le miroir est le théâtre où l'on transforme. Le miroir est le lieu où l'imagination créatrice agit vivement. Le miroir est le temps. Le miroir est le champ où le kairos surgit. Chez Rilke nous trouvons la dichotomie du temps : chronos et kairos."
http://pfemo.club.fr/philo/textes/quoenim/quoenimmain.htm